Constructionsuisse en point de mire: Lionel Lathion, membre du comité

1. Pourquoi t’investis-tu pour le secteur de la construction?

Je suis actif depuis plus de 20 ans dans l’industrie de la construction. Au cours de ces deux décennies je n’ai cessé d’être fasciné par la manière avec laquelle notre branche relève les défis techniques posés par la construction des infrastructures et des bâtiments, si indispensables à notre qualité de vie. Des barrages et centrales électriques qui fournissent l’énergie vitale pour tout un chacun, aux ponts et chaussées qui nous relient de façon si essentielle, en passant par les bâtiments qui abritent nos institutions et nos foyers, ces défis sont énormes. Sans compter ceux liés à la production des 68 millions de tonnes de matériaux de construction sans lesquels rien de ce qui précède ne serait possible.
Cette fascination n’a d’égale que mon incompréhension face au développement de l’opinion publique au sujet de notre industrie ces dernières année et à la difficulté croissante de faire aboutir de grands projets en raison de la surrégulation. Pour maintenir des conditions cadres acceptables, l’industrie de la construction doit faire entendre sa voix auprès des autorités politiques et du grand public. C’est une des raisons principales de mon engagement associatif.

2. Selon toi, quels sont les grands défis et opportunités de cette branche?

Comme déjà évoqué, c’est le « core business » de notre industrie que de relever les défis techniques liés à la construction. Aujourd’hui comme hier elle saura y faire face. Le défi le plus critique pour notre branche se situe plutôt sur le plan administratif. L’augmentation constante des régulations et la complexification de l’environnement législatif rendent les processus de plus en plus lourds et lents. En conséquence il est de plus en plus difficile de faire aboutir les projets dont notre société a pourtant grandement besoin. Parallèlement le droit de recours est de plus en plus souvent dévoyé par des intérêts particuliers, au mépris du bien commun.
Dans certains cas la situation est devenue tellement absurde, que le grand public et le monde politique ont commencé à s’en offusquer. Je pense que là réside une chance pour notre branche de prendre part au débat et de ramener une bonne dose de pragmatisme dans des discussions trop souvent dominées par l’émotionnel et le manque de réalisme.

3. L’une des problématiques qui préoccupent actuellement le secteur est l’approvisionnement en énergie et la hausse des prix. Comment la vis-tu et quelles solutions te paraissent adaptées à cette situation?

Comme pour tout problème technique, des solutions existent. Il est néanmoins important pour notre branche de pouvoir compter sur un minimum de prévisibilité et sur des conditions cadres favorables. Dans le cas de l’approvisionnement énergétique, constructionsuisse a pris part à la table ronde organisée par le Conseil fédéral en septembre 2022. Je salue cette initiative de l’administration fédérale, cependant je déplore que 5 mois plus tard nous n’ayons toujours pas reçu de réponse à nos propositions. La pénurie pourra certes être évitée cet hiver, mais nous manquons une opportunité de nous préparer à la prochaine crise.

Quant à l’impact sur les prix il est bien réel, surtout pour les entreprises produisant ou transformant des matériaux de construction, car ces activités sont très intensives en énergie. Nous ne demandons pas de subventions telles que celles mises en place par l’UE ; mais nous attendons du monde politique qu’il soutienne les entreprises helvétiques en assouplissant les contraintes régulatives et bureaucratiques afin de conserver notre compétitivité par rapport à nos concurrents étrangers.

Concernant la personne

Lionel Lathion est président du conseil d’administration de Lathion Group SA, une entreprise familiale active dans la production de gravier, le recyclage et le transport. Il est en outre président de l’Association Suisse de Graviers et du Béton, de la Conférence Pierres et Terres, vice-président de Betonsuisse et vice-président de la faîtière constructionsuisse. Il est ingénieur diplômé de l’EPFZ et détenteur d’une licence en HEC de l’université de Genève.